Le complotisme est partout est nulle part à la fois. Mais on parle de quoi, au fait ? Et comment en sommes-nous arrivés là ?
Le complotisme est une grille de lecture de l’actualité et de l’Histoire qui repose sur l’idée que certains événements ou situations majeures sont le résultat de conspirations secrètes menées par des groupes puissants. Les théories du complot se nourrissent du scepticisme et de la méfiance à l’égard des explications officielles ou largement acceptées. Elles proposent à la place des explications alternatives qui impliquent généralement l’intention délibérée de nuire de la part de groupes perçus comme malveillants ou corrompus.
Via les réseaux (a)sociaux, les théories du complot se propagent à un rythme jamais vu auparavant. Les plateformes, tout en offrant (théoriquement) une multitude de points de vue et d’informations, diffusent également de la désinformation à tour de bras. Leurs algorithmes de recommandation ont tendance à enfermer les utilisateurs dans des bulles, où ils ne sont exposés qu’à des informations qui renforcent leurs croyances. D’où la bonne santé des groupes de “discussion” platistes, récentistes, anti-chemtrails, etc.
Le complotisme a un impact sur la société. Il mine la confiance envers les institutions publiques et privées, sème la division et l’hostilité, entrave les efforts de santé publique.
Répondre efficacement au complotisme est un défi quasi impossible à réaliser. Il ne suffit pas de réfuter les fausses affirmations ; il faut d’abord aborder les inquiétudes sous-jacentes qui rendent ces théories attrayantes. Ensuite, appeler un bobard un bobard, une preuve une preuve, un doute un doute. Rappeler aussi quels sont les biais cognitifs les plus courants. Et finalement admettre que conserver un esprit ouvert et critique n’est pas facile.
Les théories du complot peuvent varier en fonction des contextes culturels, politiques et sociaux, mais les plus célèbres sur Internet sont les suivantes :
- 11 septembre: Cette théorie soutient que les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis n’ont pas été perpétrés par des terroristes d’Al-Qaïda, mais ont été orchestrés ou au moins permis par des éléments au sein du gouvernement américain.
- COVID-19: Il existe de nombreuses théories du complot autour de la COVID-19, allant de celles qui prétendent que le virus a été fabriqué en laboratoire comme une arme biologique, à celles qui affirment que la pandémie est un canular destiné à contrôler la population ou à mettre en place une “nouvelle normalité” de surveillance et de restriction des libertés.
- Changement climatique : certains prétendent que les changements climatiques sont un canular perpétré par les scientifiques, les gouvernements ou les “élites mondiales” pour diverses raisons, allant du contrôle de la population à la manipulation économique.
- Terre plate: malgré des siècles de preuves scientifiques montrant que la Terre est ronde, certains groupes persistent à croire que la Terre est plate, et que cette vérité est cachée par la NASA ou d’autres agences gouvernementales pour des raisons inconnues.
- Règne des Illuminati: les Illuminati, un groupe qui a réellement existé en Allemagne au 18e siècle, sont souvent cités dans des théories du complot qui prétendent qu’ils sont une organisation secrète qui contrôle le monde.
Notre cerveau utilise des raccourcis mentaux, ou biais cognitifs, pour traiter les informations rapidement. Cependant, ces biais peuvent nous conduire à des erreurs de jugement ou de perception. Voici dix biais cognitifs qui aident à tomber dans le panneau :
- Biais de confirmation: Ce biais nous pousse à chercher et à accorder plus de poids aux informations qui confirment nos croyances existantes, et à ignorer ou dévaloriser les informations qui les contredisent.
- Biais de proportionnalité: Ce biais nous pousse à croire qu’un grand événement doit avoir une cause importante. Par exemple, une théorie du complot pourrait affirmer qu’un événement mondial majeur ne peut pas simplement être dû à une erreur humaine.
- Biais de projection: C’est le fait de croire que les autres partagent nos croyances ou nos intentions, même quand ce n’est pas le cas.
- Biais de négativité: Nous sommes plus enclins à nous concentrer et à nous souvenir d’événements négatifs. Les théories du complot sont souvent basées sur des menaces ou des dangers, ce qui peut les rendre plus attrayantes pour certains.
- Biais d’autorité: Nous avons tendance à croire les personnes perçues comme des autorités ou des experts, même si leurs affirmations ne sont pas soutenues par des preuves.
- Effet de simple exposition: Plus nous sommes exposés à une idée, plus nous sommes susceptibles de la croire, même si elle n’est pas vraie.
- Biais de persécution: Ce biais fait que les individus ou les groupes qui se sentent marginalisés sont plus susceptibles de croire aux théories du complot.
- Biais de cohérence: C’est la tendance à privilégier les explications qui semblent offrir un récit cohérent et complet, même si elles sont basées sur des preuves faibles ou inexistantes.
- Effet Dunning-Kruger: Ce biais décrit le phénomène selon lequel les personnes ayant peu de compétences dans un domaine ont tendance à surestimer leurs compétences et sont donc plus susceptibles de croire et de propager des théories du complot.
- Effet de groupe ou effet de conformité: Ce biais décrit la tendance à adopter les croyances et les comportements du groupe auquel on appartient. Si une théorie du complot est largement acceptée dans un groupe, ses membres sont plus susceptibles de la croire également.
Un petit exercice pour rigoler ? Ami lecteur, prends chacun de ces biais et remplace chaque exemple par une expérience personnelle…