Tout a déjà été dit et redit sur 1984 de George Orwell, publié en 1949. La pertinence de son propos reste pourtant d’actualité, à une époque où se multiplient les régimes autoritaires et où monte chaque jour un peu plus une défiance généralisée. L’opus semble toujours aussi prophétique, même si la situation qu’il décrit est infiniment plus grave que la nôtre, du moins dans une partie de l’Occident. Ce qui ne veut pas dire que nous allons vers des jours meilleurs…
Le conspirationnisme, d’abord. Dans 1984, le Parti utilise la désinformation pour manipuler la perception qu’ont les citoyens de la réalité, ce qui n’est pas sans rappeler les théories du complot qui prolifèrent aujourd’hui, semant le doute et la méfiance. Les « platistes » réfutent autant l’histoire que la géographie, la science que la culture, et méprisent l’intelligence collective.
Le fanatisme, que Orwell décrit comme une dévotion inébranlable au Parti, trouve un écho contemporain dans les mouvements extrémistes qui font fi du dialogue et du consensus, dans leur poursuite intransigeante d’idéologies étroites et réactionnaires. Les risques que font peser les démocraties illibérales sont également croissants : le pouvoir y est centralisé, les libertés individuelles et collectives réduites, les droits humains bafoués : une situation bien sombre qui rappelle la superpuissance fictive d’Océania.
Orwell avertissait du danger de l’extrémisme politique, incarné par le conservatisme de son époque. Aujourd’hui, la montée du (même ?) conservatisme aux USA – mais pas que – menace également les libertés individuelles, surtout qauand elle s’accompagne d’un rejet de la diversité et de l’égalité. Les fixettes de l’extrême droite sur les prétendus ravages du « wokisme » ne sont que les cache-sexes d’une attaque en règle sur les libertés fondamentales, l’avortement par exemple.
Ajoutons à cela la baisse de la culture générale, constatée un peu partout, favorable à la montée de régimes autoritaires car elle rend les individus plus maléables. Dans 1984, le Parti contrôle strictement l’accès à l’information pour garder la population dans l’ignorance. Aujourd’hui, les Cancel culture des tous poils jouent le même rôle en censurant au nom d’une certaine moralité ou de critères religieux.
Enfin, l’avènement de l’intelligence artificielle (IA) et pose de nouveaux défis. Alors que 1984 met en garde contre le danger de la surveillance de masse, notre époque doit faire face à des menaces similaires, bien que d’une nature différente. L’IA et les nouvelles technologies, surtout utilisées conjointement, peuvent être utilisées pour surveiller, manipuler et contrôler les individus à une échelle sans précédent. N’ont-elles pas déjà redéfini notre conception de la vie privée ?
1984 continue d’offrir une perspective pertinente sur notre époque. Les parallèles entre le roman de Orwell et les défis contemporains soulignent la nécessité de rester vigilant face aux menaces pour les libertés individuelles et collectives. Simplement, les menaces ne sont pas où on les attend.
1 thought on “1984, plus utile que jamais”